Alix Boillot / PDF


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L'Éternité (1)

2024
Performance, 10'
Avec Maria Piera Fusi

Maria Piera Fusi est vêtue de noir, à l’image des pleureuses italiennes. Elle porte un collier de perles de sel blanches et chante a cappella : on peut reconnaître Grace de Jeff Buckley, morceau que l’on dit prémonitoire à la noyade de son auteur, dans les eaux boueuses d’un affluent du Mississipi. Peu à peu, elle fait monter ses larmes dont l’origine nous est inconnue. D’ordinaire silencieuses, ici, elles font trembler sa voix et accompagneront la complainte à venir.

Dans l’époque âpre que nous traversons, il s'agit de faire une place à cette acqua alta intime que nous avons appris à contenir. Cette liquéfaction de nos émotions nous relie au monde : dans le débordement de nos lacs lacrymaux se trouvent des molécules d’eau, dont le temps de résidence varie – 3 200 ans dans l’océan, 9 jours dans l’atmosphère, 10 jours dans le corps humain. Les larmes ont connu la mer, qu’elles retrouveront bientôt :

Elle est retrouvée.
Quoi ? L’Éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.

– Arthur Rimbaud, L’Éternité (extrait)

Production : Biennale de Lyon



Maxxi L'Aquila, Fontana delle 99 Cannelle, septembre 2024
Dans le cadre de Performative 04

© Alix Boillot